Naissance hivernale de trois guépards

Publié le 10/02/2025

trois guépardeaux dans leur nid de paille

Le Zoo de Montpellier est heureux de vous annoncer la naissance de trois bébés guépards ! Cette portée est la première en Europe en 2025 chez cette espèce classée « Vulnérable » sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

Bastet, née au zoo en 2018, leur a donné naissance le 24 janvier. Les trois guépardeaux, deux mâles et une femelle, se portent très bien, leur mère étant très attentionnée envers eux.
Ils sortiront dans leur enclos et l’exploreront après avoir grandi et pris plus d’assurance dans leur loge et le sas les jours de beau temps.

Ils ne sont donc pas visible du public pour le moment.
 

Une naissance importante pour le programme de conservation des guépards

Le Zoo de Montpellier participe au Programme de conservation Ex-situ de l’EAZA (EEP) des guépards d’Afrique australe (Acinonyx jubatus jubatus) depuis sa création en 1992. Il héberge actuellement trois femelles adultes, cinq mâles et les trois guépardeaux.
Dans le cadre du programme, et suivant les recommandations de son coordinateur, nous avons pu mettre en contact Bastet et Baci qui se sont accouplés.

Le vendredi 24 janvier 2025, Bastet a mis bas dans sa loge. Les trois guépardeaux pesaient environ 500 grammes à la naissance. Leurs noms seront choisis dans les semaines qui viennent par les équipes animalières et commenceront par la lettre "G" car c’est la 7ème portée viable née au zoo depuis 2018. Les trois jeunes guépards resteront avec leur mère jusqu’à l’âge de leur émancipation, un an et demi pour les mâles et deux ans pour la femelle. Ils pourront ensuite être transférés dans d’autres parcs zoologiques ou conservés sur au Zoo de Montpellier comme ce fut le cas pour Bastet, selon les instructions du coordinateur de l’EEP.

Le Zoo de Montpellier poursuit ainsi la mission de conservation et d’élevage de guépards à l’aide de son centre de reproduction qui a déjà permis la naissance d'une dizaine de guépardeaux depuis 2018.
La portée de ce début d'année 2025 vient de nouveau renforcer la population de l’EEP pour cette espèce. Il s'agit d'une naissance importante car le nombre d’individus en captivité décroit depuis 2020 suite au désistement de plusieurs établissements dans la reproduction de cette espèce. Seule une dizaine d’institutions en Europe continuent de reproduire les guépards d'Afrique australe.

En 2024, sur les 41 naissances du programme européen, seuls 23 guépards étaient viables, d'où la nécessité d’amplifier les efforts pour que la population perdure.

La coopération entre parcs zoologiques français

Le Zoo de Montpellier est associé avec l’African Safari de Plaisance-du-Touch en Haute-Garonne et le Safari de Peaugres en Ardèche dans une collaboration locale étroite qui permet de faciliter les mouvements des individus pour permettre aux femelles de choisir le mâle qui leur convient le mieux et augmenter les chances de reproduction.

Ainsi, Baci, le père de la portée de 2025, est né en Ardèche au Safari de Peaugres et est arrivé au Zoo de Montpellier en juillet 2024 dans le cadre du programme de reproduction de l'EAZA.

Retour sur une belle histoire, entre France et Pays-Bas

Bastet est issue de la deuxième portée née au Zoo de Montpellier en 2018. Elle avait été adoptée avec son frère et sa sœur par une autre mère ayant une portée un peu plus vieille. En 2021, elle a eu sa première portée, un mâle et deux femelles, respectivement placés dans des zoos en Angleterre, en Allemagne et en République Tchèque.

En 2024, Bastet a donné naissance deux fois à un seul petit, ce qui provoque systématiquement un arrêt de lactation par manque de stimulation et un désintérêt de la mère pour le petit. Le premier est décédé, le second a donc été envoyé très tôt à Safaripark Beekse Bergen, un zoo néerlandais où la petite femelle a été adoptée par une autre adulte qui avait mis bas quelques jours auparavant.

La petite de maintenant 5 mois se porte bien et grandit auprès de sa mère adoptive. Elle a été nommée "Maïsha", qui signifie « vie » en swahili, par l'équipe des Pays-Bas. Elle est le symbole de la coopération et des efforts internationaux des parcs zoologiques pour préserver cette espèce.
 

L’EEP des guépards d’Afrique australe

Un EEP est un programme européen de gestion de populations d’une espèce animale menacée et élevée en captivité. Les EEP sont encadrés par l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums) et mis en oeuvre par des parcs zoologiques membres de l’association. Ils ont pour objectifs de conserver des populations génétiquement diversifiées et viables pouvant, à long terme, permettre la mise en place de programmes de réintroduction si les conditions le permettent.

La gestion de la population d’une espèce en EEP est réalisée par un coordinateur à l’échelle européenne. Cette personne possède le registre généalogique et génétique de tous les individus de l’espèce placée en EEP. Elle a également accès aux données démographiques de la population gérée : naissances, transferts, décès. Le coordinateur peut ainsi donner des directives aux zoos participant à l’EEP : transferts, reproduction recommandée ou à arrêter etc.

Les animaux reçus et échangés dans le cadre d’un EEP n’appartiennent pas aux zoos et ces derniers doivent suivre les directives du coordinateur pour mener à bien le programme de conservation de l’espèce. L’EEP des guépards d’Afrique australe a débuté en 1992 et son coordinateur est Lars Versteege du Safaripark de Beekse Bergen (Pays-Bas).

Les lignes directrices de cet EEP sont de :

  • Maintenir à long terme une population ex situ qui est démographiquement et génétiquement stable, et possédant les comportements sauvages requis pour permettre de potentielles réintroductions respectant les préconisations de l’UICN ;
  • Sensibiliser à la conservation des guépards car les individus de l’EEP sont des ambassadeurs pour leurs congénères in situ ;
  • Informer le public de façon pédagogique sur le guépard et les efforts de conservation menés (infos sur la biologie de l’espèce, son comportement, les menaces dans son environnement etc.) ;
  • Encourager la recherche et le financement pour la conservation des guépards dans leur milieu naturel et apporter une expertise pour des projets in situ ;
  • Encourager la coopération dans la recherche in situ et ex situ qui peut bénéficier aux populations sauvages et captives.

L’objectif majeur de cet EEP est de reproduire des lignées génétiques peu représentées pour augmenter la diversité et la viabilité à long terme de la population de guépards d’Afrique australe. La coopération avec les associations de parcs zoologiques japonaise et australasienne (JAZA et ZAA) est également encouragée pour renforcer les populations plus petites hébergées dans ces régions.
 

Une espèce fragile et menacée

Autrefois présent de l’Afrique au Moyen-Orient et en Inde, le guépard est aujourd’hui une espèce menacée d’extinction classée « Vulnérable » sur la Liste Rouge de l’UICN. On retrouve ainsi moins de 8000 guépards dans la nature et la population iranienne compte moins de 100 individus, faisant de cette dernière la population de guépards la plus menacée au monde (classée « en danger critique » d’extinction par l’UICN).

Ce chasseur spécialisé est vulnérable face à d’autres prédateurs plus imposants (hyènes, lions, léopards) qui peuvent voler ses proies et tuer les jeunes guépards. La mortalité des petits est ainsi élevée : près de 90% meurent avant l’âge de trois mois dans les zones de présence de grands prédateurs.

L’espèce a également connu une importante perte de diversité génétique il y a environ 10 000 ans lors de la dernière période de glaciation : suite au décès de nombreux individus, la population actuelle serait issue d’un faible nombre de survivants, entraînant une augmentation de la consanguinité. Les conséquences d'une perte de diversité et de l’augmentation de la consanguinité sont une plus forte vulnérabilité face aux maladies et une augmentation de la mortalité juvénile.

Certaines activités humaines menacent la survie de l’espèce, notamment :

  • La réduction et la fragmentation de son habitat au profit de zones de pâturage, de routes ou d’autres constructions ;
  • Les conflits avec les éleveurs qui peuvent tuer l’animal pour protéger leurs troupeaux ;
  • Le commerce illégal au profit de personnes souhaitant en faire un animal de compagnie apprivoisé ;
  • Le braconnage pour la peau ou d’autres parties du corps de l’animal.

La réussite de la conservation in situ de cette espèce, comme de nombreuses autres, passe par la préservation de son habitat et de sa diversité génétique, et la participation active des populations locales dans les projets de conservation.
 

Coopération entre parcs zoologiques et associations sur le terrain

Le Cheetah Conservation Fund (CCF), fondé en 1990 par le Dr Laurie Marker (biologiste vétérinaire), mène un ensemble de programmes visant à s’attaquer aux principales menaces pesant sur le guépard. Située à Otjiwarongo, en Namibie, elle est la principale organisation mondiale dédiée à la sauvegarde du guépard dans la nature.

Le CCF héberge un laboratoire de génétique entièrement équipé et mène des programmes de recherche sur la biologie, l’écologie et la génétique des guépards. Ces recherches, partagées et menées avec des équipes de chercheurs et de parcs zoologiques du monde entier, permettent de mieux connaître l’espèce et ainsi améliorer les programmes de conservation la concernant.

L’avenir du guépard ne pouvant être dissocié de celui des communautés humaines locales, le CCF propose un véritable projet de développement durable en s’inscrivant dans une démarche de conservation et de restauration de l’habitat tout en travaillant en collaboration avec les éleveurs de bétail. Ils développent et mettent en oeuvre ensemble des techniques de gestion d’élevage permettant de limiter les conflits avec la faune sauvage et faciliter la cohabitation avec les prédateurs comme le guépard.

L’association est également très impliquée dans l’éducation et l’information des éleveurs, des enseignants et des enfants dans les écoles en mettant l’accent sur les méthodes de sauvegarde de la biodiversité et le rôle du guépard au sein des écosystèmes locaux.

La Ville de Montpellier, à l’initiative du zoo, soutient financièrement le Cheetah Conservation Fund sous forme de dons annuels.

Diaporama

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